Qu’est ce que le Barter ?
Le Barter est un mot anglais qui signifie troc. Dans le monde professionnel, il fait référence aux échanges interentreprises.
Peu connu en France, le Barter est très utilisé dans les pays anglosaxons spécialement aux Etats-Unis, Canada et en Australie.
D’une manière simplifiée, on peut définir le Barter comme un mode de commerce qui permet à une entreprise d’effectuer des achats sans sortie de trésorerie mais directement en échange de ses produits ou de ses services. Cette pratique repose sur un réseau BtoB d’acteurs diversifiés, ce qui rend ces échanges possibles et sécurise les transactions.
Plus concrètement, deux types d’échanges existent.
- L’échange bilatéral : une entreprise va vendre des marchandises ou délivrer un service à une autre entreprise qui en contrepartie va lui fournir directement un bien ou un service également. Dans ce type d’échange, il s’agit de deux ventes croisées, concrétisées par deux factures émises et payées par compensation (avec éventuellement une partie monétaire si les prestations n’ont pas la même valeur). Cela nécessite une réciprocité directe qui n’est pas toujours évidente à trouver.
- L’échange multilatéral ou Barter : système d’échange intégrant une unité de compte permettant aux entreprises regroupées sur un réseau de vendre et d’acheter à des entreprises différentes pour des montants différents. Les entreprises disposent d’un compte Barter utilisable exclusivement sur le réseau, ce compte peut être positif ou négatif en fonction des transactions qu’elles réalisent. Ainsi l’entreprise peut réaliser un achat sans sortie de trésorerie auprès d’une entreprise, elle recevra une facture pour laquelle elle ne fera pas de paiement en numéraire, son compte Barter sera débité et elle remboursera ce compte barter négatif en réalisant à son tour une vente auprès d’une ou plusieurs entreprises du réseau.
Ce mode de commerce est particulièrement utilisé par les groupes médias qui, en échange d’espaces publicitaires, obtiennent des produits ou services qui leur sont nécessaires: impression, véhicules ou transport de personnes, organisation d’événements (location de salles, traiteurs…) par exemple.
A qui s’adresse le Barter ?
Le Barter s’adresse à toutes les entreprises mais dans la pratique, c’est plus les TPE et PME qui recherchent un complément de croissance par l’échange de biens et services via un réseau de professionnel qui y ont recours.
Plusieurs caractéristiques déterminent l’intérêt pour des entreprises d’avoir recours à ce mode de commerce :
- Les entreprises souhaitant capter de la clientèle additionnelle (saisonnalité, capacités de production non maximisée…)
- Les entreprises ayant des stocks, des invendus
- Les entreprises ayant des actifs inutilisés (espace de stockage, matériel à proposer…)
- Les entreprises souhaitant travailler en réseau et de façon collaborative
- Les entreprises ayant besoin de financer certaines dépenses courantes ou projets d’investissement
Le Barter est basé sur deux composantes et avantages principaux : ce mode de commerce permet aux entreprises membres de:
- Trouver des clients additionnels et de financer certaines dépenses auprès de prestataires ou fournisseurs nouveaux sans sortie de trésorerie.
- Utiliser leurs cœurs de métier ou certains actifs inutilisés de leur entreprise comme mode de paiement grâce au principe de la compensation de factures.
Comment trouver des partenaires ?
De manière générale, les échanges effectués peuvent s’organiser plus facilement avec des entreprises d’un même secteur d’activité, d’une même zone géographique ou qui entretiennent des liens commerciaux entre elles générateurs de confiance.
Echanger de manière ponctuelle et informelle en se créant son propre réseau petit à petit est possible. Seulement, cela reste assez marginal et principalement en échange direct (échange bilatéral ou ‘troc’). Cette manière de faire est donc limitée par nature et assez chronophage, ce qui n’est pas idéal pour un dirigeant qui n’a pas toujours le temps et la disponibilité.
D’autres solutions sont possibles. Les entreprises intéressées par cette pratique peuvent avoir recours à des intermédiaires dont c’est le cœur de métier. Ces bourses aux échanges ou plateformes d’échanges en ligne sont gérées par des professionnels qui vont intervenir en tant que conseiller et apporteur d’affaire et apporter une valeur ajoutée sur la mise en relation entre demandeurs et offreurs membres du réseau, en d’autres mots en qualité de courtier. Pour fonctionner, ces intermédiaires doivent avoir au sein de leur réseau de nombreuses entreprises et une représentation d’activité la plus large possible de manière à pouvoir augmenter le nombre de mises en relation entre les membres du réseau et le volume de transactions. La rémunération d’un tel service s’effectue généralement au travers des frais d’adhésion au réseau mais aussi par une commission appliquée très souvent sur le montant des transactions.
Aujourd’hui, grâce à l’évolution des outils informatiques et technologiques notamment avec la création de plateforme online type marketplace, les entreprises peuvent facilement mettre en ligne des offres et des besoins et les échanges se font de manière plus fluide: gain de temps, visibilité sur un portail BtoB et rapprochement des distances entre demandes et offres, accès à des entreprises de plus petite taille. Le taux annuel mondial des échanges est estimé entre 12 à 14 milliards de dollars selon l’IRTA, en augmentation de 20% depuis 2008.
Un mode de commerce innovant, une nouvelle monnaie ?
Avec un peu de retard par rapport aux pays anglosaxons, certaines startups européenes dans le domaine de la FinTech ont choisi de moderniser ce mode de commerce et de le rendre plus attractif comme un nouveau mode de paiement et un nouveau mode de financement.
En France, France Barter qui opère sous forme coopérative est devenue leader du marché sur les TPE/PME en développant un réseau qui permet d’échanger entre plusieurs entreprises grâce à une véritable valorisation de la transaction par une unité de compte, le barter euro.
Exemple : une entreprise A qui vend des copieurs va pouvoir acheter sans sortie de trésorerie une prestation de livraison auprès d’une société B de transport routier, dont elle compensera l’achat avec la vente des imprimantes à d’autres membres du réseau.
Grâce à cette unité de compte France Barter propose une plus grande flexibilité pour une meilleure diversification des échanges et des partenaires à l’échange.
Des animateurs réseau sont aussi présents pour accueillir les entreprises entrantes, les aider à bien évaluer leurs offres et les contreparties attendues, valider les mises en relation, gérer les comptes des participants en les aidant à vendre ou à trouver des partenaires pour leurs achats. La plateforme se rémunère en prenant 5% de commission sur chaque opération d’achat ou de vente réalisée via le réseau.
Comment ça marche ?
Il suffit pour un entrepreneur de créer un compte en ligne pour son entreprise, lui permettant alors d’accéder au catalogue des entreprises et des offres online.
Le chef d’entreprise se chargera alors de saisir ses offres en ligne et une rapide description de son entreprise. L’outil web se chargera alors de générer des matching entre des entreprises qui sont intéressées par les offres postées et qui sont dans la zone d’activité de cette dernière.
Dans certains cas, si son offre est très prisée sur le réseau, l’entreprise entrante est autorisée à faire un achat avant même d’avoir fait des ventes sur le réseau. L’entreprise peut avoir un compte Barter négatif basé sur sa capacité à rembourser par des ventes futures la dette qu’elle a ainsi contractée.
Le système France Barter compte actuellement plus de 500 entreprises et accorde des paliers en fonction de la portée des offres, de la demande émanent du réseau et de la stabilité financière de la structure. Ces paliers sont de l’ordre de : 2500, 6000 et 10.000 euros.
Pourquoi échanger plutôt qu’acheter ?
On peut pratiquer le Barter pour plusieurs raisons, tout dépend de son activité et de la situation dans laquelle l’entreprise se trouve. Cependant, quelques principes de base prérequis sont à observer.
Le Barter c’est un moyen d’optimiser sa production et de valoriser ses actifs inexploités ou dépréciés. L’échange inter-entreprises va être un moyen pour une entreprise d’optimiser le rendement de ses machines non maximisées ou encore d’apprécier des stocks inactifs.
Le Barter c’est un moyen de préserver sa trésorerie. En effet, l’échange est un outil qui vient soutenir les besoins en liquidité de l’entreprise. En préservant sa trésorerie, l’entreprise va pouvoir financer plus facilement ses achats courants ou investir grâce à un budget plus important et ainsi équilibrer sa comptabilité.
Le Barter va aussi permettre d’augmenter sa visibilité auprès de nouveaux partenaires et de développer sa clientèle.
Comment gérer ses crédits barter ?
La facture est l’outil obligatoire permettant ces échanges de marchandises ou de services entre plusieurs entreprises. Lorsqu’une entreprise réalise une vente ou un achat via le barter, il s’agit d’un acte de commerce devant être caractérisé comme tel par un devis et une facture correspondante. Cette facture est tout à fait classique mais doit présenter la mention « en compensation » afin d’enregistrer ce règlement qui attend une contrepartie pour se solder comptablement (même de façon non immédiate).
Les échanges inter-entreprises sont considérés comme des ventes de biens et de services « compensées » par un achat de valeur équivalente et qui ne génèrent donc pas de mouvement de trésorerie. Toutes les règles commerciales et toutes les obligations s’imposant aux entreprises (responsabilité des produits défectueux, respect du code du travail, de l’environnement etc.) s’appliquent aux échanges comme dans le cadre d’une relation fournisseur–client classique.
Les factures sont alors envoyées aux clients qui les enregistrent comptablement et à la plateforme qui se chargera de créditer les barters correspondant aux montants affichés sur les factures, notifiant alors une créance auprès du réseau.
Pour d’autres informations sur la facturation par compensation, nous vous invitons à vous diriger vers cet article: http://blog.francebarter.coop/quest-ce-quune-facture-par-compensation/
N.B : Ce mode de commerce est par défaut alternatif et complémentaire aux échanges monétaires classiques. Une entreprises ne doit pas dépasser plus de 20% de son CA en Barter car certains postes de dépenses comme les salaires, taxes… ne peuvent pas être payés en Barter.
De nombreux secteurs ont déjà intégré le Barter à leur stratégie de développement et d’achat : transports, média, événementiel, imprimeurs, consultants, professions libérales, société de bâtiment, distribution, restauration et groupes hôteliers.
Et vous qu’avez-vous à financer ? Qu’avez-vous à échanger ?
Les solutions en France
Pour l’échange bilatéral : www.b2b-en-trade.com
Pour l’échange Barter : www.francebarter.coop