Alice Othmani est Maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil et experte en Intelligence artificielle et data science. Le 6 novembre 2018, elle intervenait lors de notre matinale « Comment l’intelligence artificielle disrupte-t-elle la finance ? ».
A l’occasion de la sortie prochaine du Livre blanc « Intelligence artificielle, blockchain et technologies quantiques au service de la finance de demain » Ghizlane Kettani, économiste et chercheuse à Finance Innovation, a interviewé la chercheuse.
Quel impact aurait l’intelligence artificielle dans le domaine de la finance ?
L’intelligence artificielle (IA) sera à l’origine de la plus grande transformation des années 2020-2050. Je pense, ou plutôt je suis persuadée qu’une nouvelle révolution économique se prépare. Elle va affecter la plupart, sinon la totalité des pans économiques. Et la finance ne semble pas faire exception. Plusieurs possibilités sont ouvertes où l’IA sera au service de la finance (Assurance, détection de fraude, gestion de portefeuille de projets, trading algorithmique, service client et chatbot, etc.).
Pourquoi financer des startup IA en finance ?
Le financement des startups peut accélérer fortement cette révolution économique. Il permettra à la France de se positionner sur l’Intelligence artificielle. Cela permettra aussi d’agrandir l’écosystème français. La France est un terreau fertile pour les startups qui se développent pour la plupart sur un modèle B2B, et qui ont besoin de clients disposant de suffisamment de données, le CAC 40 pourra y répondre.
Quel rôle jouent les universités et les universitaires dans la révolution de l’IA ?
Les universités et les universitaires peuvent participer à cette révolution à deux niveaux : le premier niveau concerne une formation à jour et adaptée aux besoins du marché. Le deuxième niveau concerne la recherche et l’assistance des industriels pour bien mener leurs projets. Il ne faut pas que la recherche dans nos laboratoires se déconnecte de la réalité et besoins réels du marché, ni que l’industrie se limite aux applications du développement et ferme la porte à l’innovation et à la création. Je pense que l’une des forces des Etats-Unis est l’ouverture de ses universités au monde industriel et c’est le modèle que nous souhaitons reproduire en France.
Comment vous voyez le futur de l’Intelligence artificielle dans l’innovation de la finance ?
L’intelligence artificielle pénétrera peu à peu les banques, les assurances, le conseil et la gestion financière. Elle va remodeler toute l’activité dans le secteur bancaire, du trading à l’analyse financière, en passant par l’évaluation de risque, le crédit ou encore la gestion de portefeuille. Enfin pour terminer, nous souhaitons que cette intelligence artificielle soit transparente. Elle devra offrir une compréhension intuitive pour l’humain et elle devra être capable d’expliquer ses recommandations de façon simple et précise. Nous sommes pour une intelligence augmentée, c’est-à-dire au service de l’humain, plutôt qu’autonome.