Interview de Miroslav Petrov, co-fondateur de Fortia

Pouvez-vous commencer par présenter Fortia ?

Fortia a été créée il y a 10 ans, avec l’ambition d’aider les institutions financières dans l’automatisation de leurs process, notamment suite aux avalanches réglementaires de cette dernière décennie. La société ayant été fondée en 2012, juste après la crise des subprimes qui a débuté en 2008, il fallait répondre à tout un lot de nouvelles règlementations dans le monde de la finance. À l’époque, les technologies des institutions financières ne permettaient pas de mise en conformité rapide, du fait de ces nouvelles réglementations. Fortia a donc innové dans l’intelligence artificielle, l’automatisation des process et le traitement d’un grand nombre de données. 

Nous avons misé sur toutes ces nouvelles technologies, avec en priorité le big data et l’IA, pour tout d’abord les appliquer à travers une offre inédite dans la finance. Nous avons ensuite, avec le développement, lancé une plateforme no-code début 2021, en se basant toujours sur ces moteurs d’IA. 

Nous avons ensuite voulu aller plus loin, avec des cas d’usages plus complexes, et c’est là que nous avons introduit une approche no-code. Au lieu de développer de nouvelles briques technologiques pour chaque projet, nous avons créé 2OS, une plateforme SaaS avec une architecture no-code et qui dispose d’un ensemble de briques technologiques, permettant l’automatisation des process de bout en bout ainsi qu’un time-to-market et un ROI inédits pour ce type de technologie. 

Ce besoin de traitement de la donnée et d’automatisation des process n’est pas imputable qu’au secteur financier. On se retrouve en effet confronté non plus à une avalanche règlementaire mais à une avalanche de demandes de développement d’applications, notamment avec l’avènement de la 5G, et des objets connectés. Dans les deux ans à venir, autant d’applications seront développées qu’au cours des 10 dernières années. De fait, notre plateforme no-code répond aussi à un autre problème pour les entreprises : celui de la pénurie de développeurs et ce dans le monde entier. Nous devons donc répondre à cette accélération des besoins et de la demande du côté métier, volonté qui est d’aller toujours plus vite entre l’expression du besoin de la part des métiers et la mise en production. A travers les développements classiques, on passe un temps extrêmement long à comprendre, développer, tester, debugger, etc. Grâce à notre plateforme, le temps est considérablement réduit, ce qui permet un ROI extrêmement important, et la possibilité d’accompagner le client dans la compréhension de ses besoins et de moduler l’application dans des temps records, en tenant compte du fait que nous sommes dans un monde en mouvement perpétuel et que tout besoin peut changer à tout moment. 

Quels sont les principaux avantages d’une plateforme de Deep no–code ?

Nous sommes les premiers dans le monde à pouvoir, grâce un simple drag & drop, utiliser des algorithmes d’IA très évolués, entrainés par nos soins et qui sont le fruit de plus de 10 ans de R&D.  C’est ce qu’on appelle le Deep no-code. Nous sommes partis du constat que la mise à jour des process demande énormément de temps mais pas seulement. En effet, cela nécessite également tout type de ressources et de compétences. Avec Fortia, nous avons voulu proposer une alternative, une sorte de troisième voie au build-it ou buy-it, à savoir la création simplifiée d’une plateforme en partant de zéro. Le no-code, et plus encore le Deep no-code, permettent donc de gagner un temps précieux sur les process. Nous avons également automatisé la partie DevOps en mode Saas pour encore plus de flexibilité.   

Comment arrive-t-on à associer no–code et IA ?

Nous utilisons déjà de l’IA tous les jours. Notre smartphone par exemple va nous proposer une image ou alors nous aider à prendre une photo. Mais ce n’est pas pour autant que l’IA s’est démocratisée dans les entreprises. Il y en a bien sûr qui font appel à l’IA mais la plupart ne l’utilisent pas dans son entièreté. En effet, selon les études, c’est plus de 85 % des projets IA qui n’entrent jamais en production. La plupart du temps, ce sont des projets chronophages et compliqués et l’IA est tributaire de la qualité des données. Marier l’IA à une approche no-code, c’est tout simplement créer un cercle vertueux. Le no-code nous permet en effet d’aller très vite sur les modèles de données quant aux besoins métiers (un nouveau produit ou une nouvelle règlementation), sur les process autour de la donnée qu’il faut exécuter, pour ensuite les connecter à des services d’IA disponibles sur notre plateforme. La principale difficulté c’est avant tout de synchroniser nos équipes de data scientists et d’ingénieurs qui font les logiciels (le no-code), pour permettre d’assurer un cycle de vie de la donnée afin de la connecter, en mode plug & play à nos algorithmes entrainés. C’est le Deep no-code : avoir de l’IA qu’on peut utiliser directement sur la donnée. 

Pourquoi le développement n’est pas mort ?

C’est avant tout une question de transformation numérique. Il y a encore énormément de technologies de type legacy sur lesquelles fonctionnent la plupart des back offices et où le code est omniprésent. De récentes études montrent par ailleurs que le volume du code est jusqu’à 100 fois gros qu’il y a 10 ans, et ils augmentent à chaque nouveau besoin. Mais tout ceci n’est pas pérenne. Si l’on complète des lignes de code, avec des architectures déjà existantes, l’ensemble devient alors très difficilement maintenable et les développeurs sont logiquement réticents à l’idée de rajouter ou modifier le code par peur de briser les dépendances et de casser un process critique qui tourne. Soit tout le contraire de l’agilité. C’est aujourd’hui le principal défaut du code. Même s’il est possible de créer des apps, plateformes etc. stables, elles restent difficilement modifiables et ont des coûts de maintenance importants et surtout supérieurs aux investissements dans de nouveaux projets. Aujourd’hui, de plus en plus de DSI étudient l’option de ce type de plateformes no-code pour la réalisation de projets. L’objectif n’étant pas de faire des POC sur des choses simples mais bien de faire des applications scalable qui « processent » beaucoup de données via une architecture cloud, en mode Saas et qui permet le passage à l’échelle. 

Nous n’aurons donc plus besoin de coder quoique ce soit ?

Nous pensons que la grande partie de ce qui sera codé, le sera avec des architectures de type no-code qui sont très évolutives et les devs, au lieu de développer la même chose à plusieurs endroits, vont devoir penser leurs architectures de manière globale afin de pouvoir combiner les différentes plateformes. Nous avons une plateforme révolutionnaire, mais c’est aussi une tendance du marché. Les États-Unis, qui ont bien souvent 2-3 années d’avance sur l’Europe quant à l’adoption de ce type de plateforme, gèrent tous les process avec 6 voire 7 technologies de type no-code. C’est également le cas pour des stacks technologiques entières de société. Que ce soit pour l’application mobile, les applications métiers, du no code pour les sites web, ou l’utilisation de l’IA. 

On entend souvent parler de legacy dans le code, mais si on mélange les technologies no-code, ne serons-nous pas finalement confrontés au même problème ? N’y a-t-il pas un risque de legacy au niveau des applications utilisées ?

Les plateformes no code ne sont pas des boites noires. Quand on parle de legacy, on parle d’un ensemble qui a été codé, bien souvent avec un code obsolète, par des gens qui sont partis et il faut, tant bien que mal, essayer de se mettre dans leur tête pour comprendre ce qu’ils ont essayé de faire. C’est un travail gargantuesque. Lorsque l’on crée une application, on ne mélange pas la logique métier avec l’aspect technique. Ce qui rend très facilement transposable tout ce qui a été fait sur un outil no code. Vous ne perdez pas du tout le principe même de l’application. C’est un des éléments de l’architecture no-code, de pouvoir comprendre ce qui a été fait. On parle aussi d’applications qui s’auto documentent (self documenting). Avant lorsqu’on faisait un code, il fallait documenter les moindres modifications. Tandis qu’avec le no code il y a une certaine transparence, on peut directement exporter toute la logique no codée, qui est disponible pour tout le monde. 

Est-ce possible de migrer une app déjà codée vers une logique no–code ? Et si oui, comment ?

C’est de toute façon mieux de commencer avec quelque chose d’existant, notamment si vous avez déjà des données et des process enregistrés. Dans le no-code, vous pouvez vous-même créer l’application via l’interface utilisateur ou alors nourrir l’application de données existantes afin qu’elle génère l’application pour vous. C’est d’ailleurs l’une de nos récentes évolutions sur la plateforme, vous nous fournissez un certain type de données, par exemple des clients, des produits ou des transactions et on vous génère les modèles de données et les écrans nécessaires à votre application. Vous pouvez ensuite designer les process alors qu’avant, vous deviez vous-même coder la logique métier. 

A propos de Fortia : 

Fortia est une société basée à Paris qui fournit des solutions numériques pour digitaliser et automatiser les processus des entreprises. Depuis ses débuts en 2012, Fortia a pour objectif de fournir la technologie la plus pointue en matière d’Intelligence Artificielle. En associant réflexion humaine et technologie, Fortia apporte des solutions à fort impact à ses clients avec une valeur ajoutée stratégique en les accompagnant dans leurs projets de transformation opérationnelle et digitale. Au fil des années, Fortia s’est démarqué grâce à sa technologie et sa forte expertise en intelligence artificielle. 

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