Un impact certain sur la croissance occidentale
Il est trop tôt pour le percevoir dans les chiffres officiels mais la crise ukrainienne impacte déjà la croissance occidentale. C’est ce que montrent les données de QuantCube. La start-up développe un indicateur qui capte les mouvements de l’économie en temps réel et suit l’effet de la crise sur la croissance mondiale à mesure qu’elle a lieu.
Ses estimations montrent que la croissance de la zone euro a connu un point d’inflexion le 24 février – le jour du déclenchement du conflit armé – et connaît depuis une tendance à la baisse.
La Chine, quant à elle, ne semble pas significativement impactée pour le moment contrairement aux Etats-Unis. Le pays a vu sa croissance atteindre un plateau ces derniers mois mais, depuis l’assaut russe du 24 février dernier, elle s’oriente à la baisse comme la croissance européenne.
Une partie de cette situation s’explique par la production industrielle des Etats-Unis, dont le volume était déjà dégradé avant que la guerre n’éclate, mais qui depuis, s’oriente sur une tendance à la baisse encore plus accentuée.
Le ralentissement du commerce international russe et ukrainien
L’expertise de QuantCube dans l’usage des données satellitaires et géolocalisées lui permet d’observer en temps réel l’impact de la crise en Ukraine sur les échanges internationaux. Les Data Scientists de QuantCube ont ainsi pu identifier début mars plusieurs tankers russes qui erraient en mer, à la recherche d’un port les autorisant à accoster pour décharger leur cargaison de pétrole.
Cependant, nous remarquons qu’il existe toujours autant de flux maritime partant des ports de la mer d’Azov vers la Turquie ou bien du port de Vladivostok vers la Corée du Sud et vers le Japon.
Le fret maritime n’est pas le seul impacté par la crise. Le conflit a provoqué un enchaînement de fermeture d’espaces aériens, d’où l’écroulement du commerce aérien russe et ukrainien. Les échanges par voie aérienne sont tombés à zéro pour l’Ukraine et début mars, QuantCube estime que le fret aérien russe a enregistré une baisse de 15% de ses exportations et de 25% de ses importations.
Le commerce est d’autant plus ralenti que les bombardements entraînent la destruction des infrastructures clés de l’Ukraine.
Comment détecter l’état des infrastructures à partir des données satellitaires ?
Grâce à sa maîtrise du traitement de données radar qui permettent d’observer la Terre depuis le ciel en passant à travers les nuages, QuantCube a pu observer l’affaissement, voire la possible destruction d’un pont majeur à Kiev entre le 28 février et le 3 mars.
Le bond des prix du pétrole et l’impact sur l’inflation française
Ailleurs dans le monde, le conflit entre Russes et Ukrainiens a fait bondir les prix du pétrole. Si en France les possesseurs de voiture l’observent déjà à la pompe, les données de QuantCube permettent d’obtenir les variations précises du prix de l’essence : c’est au 3 mars que les prix ont commencé à bondir significativement pour atteindre un niveau 25% plus élevé que l’année dernière au même moment de l’année.
Une crise qui inquiète le monde surtout d’un point de vue économique
Pour mener une analyse complète de l’impact de la crise ukrainienne sur l’économie mondiale, il faut aussi prendre en compte l’inquiétude des agents économiques. Les algorithmes de QuantCube sont capables, en aspirant et en analysant plusieurs centaines de milliers de messages sur les réseaux sociaux, notamment la messagerie russe Telegram, de mesurer cette inquiétude.
Ils révèlent que la population étatsunienne ne paraît pas anxieuse outre-mesure vis-à-vis de la guerre en Ukraine, mais surtout très inquiète de ses conséquences sur l’économie. A juste titre, puisque les nombreuses sanctions ont fait s’envoler les prix des matières premières, faisant planer le spectre du retour de la stagflation, comme dans les années 1970. Du côté russe, l’analyse des réseaux sociaux montre l’étendue de l’inquiétude de la population au sujet de son économie et des répercussions des sanctions. D’après l’indicateur d’anxiété économique développé par QuantCube, l’inquiétude des Russes a bondi de 250% en avril 2022 par rapport à janvier.
Une crise qui fait oublier les présidentielles aux Français ?
Les Français ne sont pas épargnés par cette inquiétude globale. A moins d’un mois du premier tour, les sujets qui les intéressent le plus sur Tweeter ne sont plus liés aux élections à venir mais à l’invasion de l’Ukraine, aux prix du pétrole, du gaz, et reflètent une forte inquiétude vis-à-vis de l’évolution de leur pouvoir d’achat.
Sources : Thanh-Long HUYNH, Inès KHALFOUN – QuantCube Technology