Les derniers baromètres publiés sur le capital-risque en France sont encourageants : les investissements ont connu une dynamique positive en France en 2016, nouvelle année enregistrant une croissance dans ce domaine.
La nouvelle est d’autant plus réjouissante qu’au niveau mondial, le nombre d’opérations et les montants du capital-risque ont globalement diminué, ce qui atteste d’un potentiel français prometteur. Notre pays se hisse à la troisième place en termes d’opérations et de montants investis au niveau européen, derrière le Royaume Uni et l’Allemagne.
Plus de 2 milliards d’euros ont été investis dans les start-up françaises, mais ce montant pourrait être encore plus important, et surtout provenir d’une nouvelle source. La place prépondérante que prennent les financements publics dans le capital-risque français n’est pas pérenne ni saine pour notre système entrepreneurial. Mais aujourd’hui 50% du capital-risque français est alimenté grâce à des fonds publics.
Parallèlement, France Stratégie, think tank gouvernemental, a publié le 7 février 2017 une note intitulée « Mieux investir au service de la croissance », appelant à déployer plus d’efforts pour soutenir l’entrepreneuriat et l’innovation française, générateur de croissance et d’emplois. Au total, France Stratégie préconise aux pouvoirs publics de consacrer 6 milliards d’euros supplémentaires pour le financement des start-up. Faute d’investissements plus importants, notre pays risque d’accuser un retard important, ce qui serait très déplorable. Le nombre de créations de start-up en Europe est équivalent à celui de start-up créées aux Etats-Unis, mais leur développement est beaucoup moins rapide et aisé du fait de ce manque de soutien financier.
Toutes ces problématiques supposent de trouver rapidement et durablement une nouvelle source de fonds. L’épargne des Français est une source considérable d’argent, mais largement sous-exploitée, contrairement à d’autres pays dont le tissu entrepreneurial est porté et soutenu par les investisseurs privés et les épargnants.
Les Français épargnent 16% de leurs revenus disponibles, ce qui au total représente un montant de plus de 4 200 milliards d’euros. Un record. Si seulement 2 à 3% de ce montant était orienté vers les start-up, elles bénéficieraient de financement pour 100 milliards d’euros.
L’AFIC, Association Française des Investisseurs pour la Croissance, interpelle les candidats à la présidentielle de 2017 et leur soumet des propositions quant au financement des start-up. Parmi les 16 présentées par l’association, toute une partie est constituée de propositions destinées à réorienter l’épargne française.
D’après leurs études, seulement 1% de l’épargne en France est investie dans les entreprises non cotées, contre 3% en Europe et 6% aux Etats-Unis.
Proposer de nouveaux produits financiers destinés aux start-up ou inciter fiscalement via des dispositifs plus généreux font partie des mesures envisageables.
Aujourd’hui, un épargnant français a la possibilité de défiscaliser 18% de ses investissements au moins, sur son IR, et quel que soit le montant de son investissement. Il n’a pas besoin d’être conséquent, avec l’avènement des plateformes de financement participatif, telle que Sowefund, tout contribuable peut devenir acteur du capital-risque et participer au financement de l’économie réelle, à partir de 100€. L’optimisation fiscale est intéressante, mais jusqu’à 50 000€ investis pour une personne seule (100 000 pour un couple marié) car le plafond de défiscalisation est de 9 000€.
Une incitation plus forte via une augmentation du pourcentage du montant défiscalisable et/ou du plafond maximal serait une mesure intéressante pour inciter plus de contribuables à investir dans les entreprises françaises prometteuses. France Stratégie propose de rendre les placements dans le capital-risque plus retables après impôt que d’autres placements moins risqués, bien que cela soit une mesure radicale qui aurait besoin d’une compensation.
En effet, de telles mesures auraient un impact sur la balance des finances publiques. Mais l’impact du financement des start-up n’a plus à faire ses preuves ; la création d’emplois durables est une première externalité hautement positive, et non des moindres.