Portrait du Mois Janvier 2023

Retrouvez Kamel Naït-Outaleb - Fondateur et CEO de OnlyOne 

Le Portrait du mois par FINANCE INNOVATION

Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby 

 

Vous êtes issu d’une famille nombreuse originaire de Mantes-la-Jolie. Peut-on dire qu’il vous a fallu une grande ténacité et un guide spirituel pour parvenir à la décision de votre orientation vers le secteur bancaire ?

L’environnement dans lequel j’ai grandi, n’a pas été forcément idéal en termes d’orientation et je n’étais pas prédestiné à faire une carrière dans le secteur bancaire. Ma mère a été cette personne essentielle dans mon choix de carrière, j’avais toujours à l’esprit sa fierté intime d’avoir peut-être un jour un fils banquier… En effet, je me souviens d’une discussion que nous avions eue lorsque je me posais la question de la poursuite de mes études ou de mon entrée dans la vie active. Elle m’a alors demandé, quel métier je pourrais exercer avec mon diplôme. Et lorsque j’ai évoqué la banque, elle m’a dit que ce serait une fierté pour elle.  À l’époque, je faisais plusieurs petits boulots en parallèle de mes études, ouvrier à l’Usine Renault de Flins la nuit, équipier polyvalent au Mc Do le week-end et animateur de quartier pendant les vacances scolaires. 

Je dois reconnaître que j’ai rencontré un vrai déficit d’informations sur les filières de l’enseignement supérieur. Dans ce contexte, me construire avec un projet d’études afin de choisir un métier pour mon avenir, n’était pas une évidence. Ma mère s’est avérée être ma seule motivation, j’ai toujours eu ce désir de répondre à son souhait. Et lorsque cette opportunité s’est présentée : je l’ai saisie…  

 

Après avoir démarré votre carrière au Crédit Lyonnais, vous intégrez HSBC France où vous progressez très vite en parallèle à la reprise de vos études notamment à L’ESSEC ? 

J’ai commencé ma carrière professionnelle au sein du Crédit Lyonnais en 2001, en tant que chargé d’accueil puis conseiller en avril 2002. J’ai pu exercer quatre postes différents de conseiller en quatre ans, et être diplômé d’un BTS banque. En 2009, j’étais directeur d’agence. 

Ensuite j’ai intégré HSBC, où j’ai progressé rapidement grâce à différentes missions : de chef de projet à responsable de toute la partie Customer Due Diligence du groupe.  

J’étais heureux d’avoir tant appris dans ce secteur bancaire, à la fois dans la relation client et aussi dans les méthodes relatives à la gestion de compte et de l’épargne. J’ai pu intégrer au siège tous « les rouages » de la banque : son fonctionnement, la création d’un produit et d’un projet. Une expérience très stimulante !  

Ma curiosité s’est avérée très bénéfique, j’étais en recherche constante de nouveaux challenges pour évoluer. J’apprenais vite, et je voulais avancer dans ce secteur qui me passionnait. 

Pour moi, ces deux expériences riches ont toujours la même valeur… Celle au sein du Crédit Lyonnais, a été une formation solide grâce à des banquiers qui m’ont véritablement appris le métier « à l’ancienne ». Ensuite, HSBC une banque internationale, m’a donné aussi l’opportunité d’évoluer très vite jusqu’au siège… 

Ces deux grands établissements bancaires, m’ont permis de comprendre la banque dans tous ces aspects. Et avec les différences d’objectifs, de pratiques, d’enjeux et de processus entre une ancienne banque d’Etat (à l’époque le Crédit Lyonnais) et celle plus commerciale qu’est HSBC.  

Et puis j’ai repris mes études à L’ESSEC, du fait d’une frustration de n’avoir pas pu m’investir dans une filière d’excellence, et aussi d’un questionnement à savoir si j’en sortirais diplômé. Le choix de cette grande école de commerce a été guidé par ma volonté de me lancer dans l’entrepreneuriat, et donc d’acquérir une formation hautement qualifiée dans ce domaine ! En 2014, j’ai débuté mon cursus sur dix-huit mois : un vrai défi, je travaillais au sein d’HSBC sur l’important projet FATCA. Et lors d’échanges avec mon manager, je lui avais certifié que cet engagement nécessitant une absence le vendredi, n’impacterait pas mon travail au sein du groupe. Ma demande a été acceptée, et j’ai performé cette année-là. Cela a été un vrai challenge de réussir dans le contexte : des nuits blanches avec ma fille de 9 mois, mon travail et ces études deux jours par semaine, dont le samedi… 

C’est une grande fierté, avec une très forte exigence de travail, d’avoir obtenu mon diplôme tout en tenant mon engagement auprès d’HSBC. 

 

Diplômé de deux masters et d’une expérience jalonnée de succès, quelle a été la motivation et peut-être aussi la rencontre à l’origine du lancement de votre société OnlyOne en 2018 ?

Suite à mon départ négocié avec HSBC, j’ai suivi un MBA Spécialisé Digital Marketing & business à l’EFAP. Je voyais le monde changer, et je ressentais le besoin de formation dans ce monde du digital ; j’avais envie de me lancer dans ce domaine ! Mon mémoire portait sur l’arrivée des Fintechs dans la distribution de la banque, et j’ai décidé en 2017 de lancer une Fintech qui ait du sens et un vrai impact : OnlyOne. J’ai mûri mon projet, et à la fin de MBA, je l’ai mis en oeuvre. 

En devenant père, j’ai eu un déclic en me questionnant sur l’avenir dont mes filles bénéficieraient. Et finalement se dire : le monde tel qu’il se présente, sera-t-il soutenable pour nos enfants ? J’ai eu envie d’agir pour contribuer dans mon domaine à un monde plus soutenable. 

En 2018, après des recherches et de nombreux échanges, j’ai créé OnlyOne. La rencontre avec mon associé Matthias Rouberol a été déterminante. Nous avions des valeurs communes et des complémentarités dans ce projet. Je maîtrisais l’aspect bancaire, lui celui technique et technologique, et avec 20 années d’expériences professionnelles dans nos secteurs respectifs.  

Notre réflexion s’est structurée autour d’une proposition de valeurs : aider nos clients à mieux consommer et à épargner à travers la création d’un outil ! 

 

Pouvez-vous revenir sur la proposition de valeurs d’OnlyOne ?

Cette valeur est celle de repositionner la banque au cœur de nos enjeux sociétaux et environnementaux.  

OnlyOne a pour mission d’aider les particuliers et les entreprises à adopter un mode de vie durable par le biais d’une consommation et d’une épargne responsables, et avec une offre de mesure et de réduction de leurs impacts sur la planète !  

Elle participe au financement de projets sous-financés dans les domaines de la protection de la biodiversité et de l’environnement et d’ordre social et sociétal.   

L’idée étant de créer une Fintech, proposant un tarif de souscription raisonnable et une transparence dans sa fonctionnalité, et qui permette de réaliser toutes les opérations d’une banque classique. 

 

OnlyOne est un éco-compte digital proposant un compte positif, à travers un compte courant et une carte Mastercard, et aussi des services éthiques et responsables ?

Only One, est une néo-banque éthique proposant la première carte de paiement éco-responsable, à 85 % en PVC recyclée, lancée en France avec IDEMIA et Mastercard. 

Des grands partenaires engagés offrent des services sur notre Place Impact dans les domaines de l’épargne (EcoTree, Goodvest), de l’investissement (WeDoGood, Enerfip, Villyz), de l’assurance (Luko, Coverd) et de la vie quotidienne (Plüm énergie, Ecojoko,Phenix, Eti’kdo). 

L’un des objectifs d’OnlyOne est de se rapprocher de la majorité des 17 ODD, et cela signifie d’apporter une solution permettant à nos clients de participer à cette trajectoire de développement durable. 

Notre business se veut d’être éthique, transparent (les données de nos clients sont non cessibles à des tiers.), mais aussi solidaire puisque la totalité des commissions d’interchange perçue par OnlyOne est reversée pour le financement de projets environnementaux et sociaux dans le monde entier, et c’est une « première » que nous proposons. Le client soutient le projet de son choix, parmi les thématiques proposées par OnlyOne : la protection de la biodiversité et de la forêt en particulier avec notre partenaire EcoTree, la transition écologique, agricole et énergétique, le financement des associations et des territoires, la lutte contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, douze projets sont soutenus en France, mais aussi à l’international… Si au début, nous devions aller chercher les projets, désormais, nous sommes sollicités ! En termes de sélection, notre critère est le réel impact (et sa mesure possible) du projet. 

Notre éco-coach est le guide de nos clients dans la réduction de leurs émissions de C02 (pour atteindre la neutralité carbone en 2050), et il les récompense. L’idée est de familiariser les gens avec cette notion d’empreinte carbone. Car si l’on en parle depuis les Accords de Paris, le positionnement au niveau individuel et la démarche de mesure et de pilotage sont récents.  

L’algorithme unique d’OnlyOne, permet à nos clients de se situer vis-à-vis de leur empreinte carbone et de leur consommation. Par la suite, ils peuvent être accompagnés vers une réduction de cette empreinte, à travers des gestes simples écoresponsables et jusque dans leurs domiciles, cela sans un changement de vie radical. Donner une mesure permet aussi de la réduire ! 

L’offre d’OnlyOne s’étoffera bientôt, d’un pack de marques responsable offrant des opportunités pour les consommateurs de cibler leurs achats, et donc d’influer sur le chiffre d’affaires de sociétés et sur l’investissement des banques. 

 

Quelle offre proposez-vous aux souscripteurs d’un compte OnlyOne ?

Pour ce qui concerne les modalités de souscription, elles sont simples : avoir une pièce d’identité en cours de validité (la vérification est biométrique.) et établir un virement depuis un compte à son nom. L’inscription se fait en 8 minutes, la carte est adressée par courrier. OnlyOne propose tous les services classiques d’une banque, grâce à une carte de paiement permettant de payer à peu près partout dans le monde sans frais supplémentaires, et aussi grâce à un arrondi des dépenses de collecter une petite épargne. 

La souscription est de 6 euros par mois pour les plus de 25 ans. Ce forfait mensuel est de 3 euros pour les étudiants et les moins de 25 ans. L’offre de la carte ISIC MasterCard étudiante, permet d’avoir sa carte de paiement OnlyOne sur son smartphone et des réductions auprès de partenaires. 

La souscription du client donne accès à la carte MasterCard, à l’éco-coach, à la Marketplace, aux financements des projets proposés, et aussi à tous ses comptes sur l’application donc à l’ensemble de leur bilan carbone.  

OnlyOne a les mêmes exigences et obligations d’une banque classique d’un point de vue de la sécurité. La détection des fraudes est fondamentale pour nous, elle se fait grâce à des systèmes en interne avec un monitoring des flux. 

Aujourd’hui, plus de 3 000 clients font confiance à OnlyOne. Et 20 % d’entre eux ont moins de 25 ans, cela représente au troisième trimestre 2022, une part de 40 % des entrées. Les néo-banques représentent un vrai potentiel sur un nouveau marché encore méconnu !  

 

En 2022, OnlyOne est labellisé par le pôle de compétitivité Finance Innovation, et est honoré d’autres grandes distinctions ?

OnlyOne a reçu le label Finance Durable du Pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, et a été aussi finaliste du Challenge Fintech de Finance for Tomorrow.  

Nous avons été labellisés Greentech Innovation par le ministère de la Transition écologique. OnlyOne est la seule, parmi les néo-banques vertes, à avoir obtenu cette reconnaissance très importante. Ce label reconnaît une réelle valeur, un véritable impact, et un vrai potentiel ! Notre vision et notre proposition de valeurs vis-à-vis de la transformation de la banque obtiennent une distinction très forte, tout comme notre technologie indépendante (jusqu’au calculateur carbone) que l’on poursuivra de développer afin d’être en mesure de nous adapter.  

 

Comment envisagez-vous les étapes du développement d’OnlyOne à court et moyen terme ?

Nous poursuivons le développement de l’offre pour les particuliers : plus de projets dans la Place Impact et ceux financés par les clients, l’épargne, notre future monnaie virtuelle en création.  

Nous lançons aussi notre offre pro pour les entreprises, et elle correspond à une véritable demande de leur part.  

À moyen terme, notre ambition est de devenir un établissement de paiement puis de crédit incluant cette démarche RSE. 

Aujourd’hui, nos clients sont français. Nous sommes en capacité de développer OnlyOne en Europe. Puis à l’international comme en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. 

 

Fort de votre croissance, êtes-vous ouvert à des partenaires stratégiques voire financiers pour vous accompagner dans votre croissance en France, en Europe, voire à l’international ?

Un fonds américain s’est engagé auprès de nous, à travers du financement alternatif à hauteur de 35 millions d’euros, avec la condition que OnlyOne soit cotée en bourse dans les trois ans.  

Nous sommes actuellement, sur une levée de fonds Seed de l’ordre de 3 à 5 millions d’euros, pour exécuter notre stratégie.  

Nous engageons des discussions avec des partenaires pour nous accompagner dans notre développement. Cela signifie, de faire progresser cette offre pour les particuliers, et de lancer notre offre business pour les entreprises en créant une place de marché. Mais aussi, d’augmenter notre visibilité (communication, marketing, etc.) et les effectifs salariés de l’entreprise. Ces partenaires seront des Fonds, des Business Angels, des Family offices, des Corporate Ventures.  

Des partenaires stratégiques (comme Freelance.com) peuvent aussi proposer à leurs clients des comptes OnlyOne. 

Avec une levée de fonds en 2023, il est possible d’atteindre jusqu’à 20 000 clients payants.  

Nous avons prévu de finaliser ce tour de table au printemps avec l’objectif d’une croissance forte en France, en Europe, à l’international !  

Source : Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby pour Finance Innovation

Kamel Naït-Outaleb

Fondateur et CEO

OnlyOne