Portrait du Mois
Janvier 2024

Découvrez le portrait de Laurent Kocinski, Co-fondateur & CEO de Meelo.

Le Portrait du mois par Finance Innovation

Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby 

 

Vous êtes diplômé d’un Master Finance et Marketing de l’IÉSEG classée parmi les meilleures écoles de Management en France et dont la mission est de former les acteurs de la transition.
Votre positionnement, était-il lié à une ambition pour l’avenir ?

Lorsque j’ai débuté cette formation à Lille, les sujets de transition étaient encore totalement absents des cursus, et plus globalement des préoccupations. Alors lycéen, je passais régulièrement devant cette grande école de commerce… J’y suis entré lors d’une journée portes ouvertes, et séduit par la richesse de l’enseignement proposé, je l’ai intégrée avec plaisir.

Dans les années 90, du fait à l’époque de l’attractivité du secteur bancaire, je me suis orienté vers le domaine financier. J’ai collaboré au sein de sociétés de différentes tailles, et toutes se positionnaient sur la valeur du service !

Et j’ai toujours eu ce triple intérêt : répondre aux besoins des clients ; les mécanismes financiers ; l’accessibilité aux services via la facilité de l’expérience client pour le plus grand nombre donc l’inclusion. Mon histoire personnelle m’a conduit à rencontrer des personnes qui ont pu être sur endettées ou mal endettées, il se posait alors la question de la responsabilité de la société vis-à-vis d’elles… Dans les années 80, si le Crédit Lyonnais prônait : « Le pouvoir de dire oui », Cetelem proposait un autre créneau très intéressant, celui du crédit responsable.

 

Par la suite, vous occupez des fonctions de direction au sein du département marketing de Crédit Agricole Consumer Finance. Puis vous rejoignez Cofidis Group pour devenir CEO de Créfidis ?

Cofidis, m’a offert cette chance de l’intrapreneuriat, en me donnant les moyens de concrétiser mon idée du premier crédit 100 % en ligne. J’ai développé alors une Business Unit du nom de 1EURO.COM représentant le premier crédit dématérialisé. Et de deux salariés lors du démarrage de cette activité, ce sont plus de cinquante personnes qui y collaboraient au moment de mon départ.

Ce service existe toujours au sein de Cofidis, sous une forme légèrement différente, avec un positionnement fort sur l’aspect des partenariats, notamment dans le secteur de l’e-commerce avec Amazon. Et cette offre paneuropéenne très pointue, dix ans après son lancement, a rencontré l’ampleur imaginée au cœur de Cofidis !

À l’époque, en 2006 en France, j’ai lancé ce que l’on appelle aujourd’hui plus communément le BNPL.

Cette expérience enrichissante, s’est avérée très structurante au moment de créer ma propre entreprise.

  

Peut-on dire que vos expériences professionnelles vont ont permis de mûrir l’idée qui sera à l’origine de Meelo ?

J’ai commencé à réfléchir à l’idée fondatrice de Meelo en 2016. Puis, je suis allé convaincre Mohamed de se joindre à moi en qualité d’associé pour monter ce projet !

J’ai aussi bénéficié, au sein mon entourage professionnel, de l’encouragement d’une personne quant au lancement de ma start-up, et de ses précieux conseils : créer ma société à la fois dans mon domaine d’expertise et mon réseau, et me concentrer sur un seul projet.

 

Votre start-up est créée dans le Nord de la France avec Mohamed Hadiri. Une rencontre déterminante quant au lancement de votre société ?

Nous étions tous deux au Crédit Agricole en 2000, Mohamed sur la gestion des risques et moi-même dans le domaine du marketing. Et je l’ai recruté en 2008 chez Cofidis.

Au lancement de Meelo, nous étions un peu seuls, avec une idée néanmoins précise de notre projet, c’est-à-dire : la souscription d’un crédit sur un téléphone portable en moins 3 minutes sans justificatifs, et cela, tout en respectant la réglementation.

Et les sociétés financières rencontrées pour leur présenter notre projet, se sont avérées intéressées, mais sur le mode du service aux clients et avec l’utilisation d’une solution Saas à destination des financeurs. Notre projet a commencé à prendre forme en septembre 2018… Et grâce en outre, à l’accord de principe et la commande sur plan de notre premier client la société Boulanger. Meelo compte alors 5 salariés, et nous nous concentrons sur le développement de la plateforme dont le lancement est effectif en juin 2020. Meelo s’appuie alors sur 8 talents avec un financement essentiellement sur fonds propres donc cela signifie une vraie prise de risque !

Notre activité est centralisée à Marcq-en-Barœul, et l’ensemble de l’équipe collabore au Nord de Lille. Paris à une heure en TGV est extrêmement accessible. Dans le Nord, nous avons la chance d’avoir de grandes entreprises, comme des leaders du commerce et du crédit à la consommation… On peut citer Cofidis, le Groupe BPCE, le Crédit Agricole Consumer Finance (CACF), la famille Mulliez, etc. Notre écosystème d’entreprises très riche et nos formations à travers de grandes écoles d’ingénieurs et de commerce, représentent un vivier extrêmement important à la fois de clients et de collaborateurs potentiels.

La proximité avec Bruxelles est aussi un réel atout. Et la Belgique a été notre deuxième marché après la France…

 

Pouvez-vous en revenir en quelques mots simples sur l’objectif de la solution SaaS de détection de la fraude qu’offre votre société Meelo ?

La solution SaaS que nous proposons, vise à offrir le parcours parfait sans risque de fraudes et d’impayés, et tout en respectant la conformité au règlement général sur la protection des données ou RGPD.

Cela est important, car il y a bien deux sujets. Celui du parcours parfait pour faciliter le commerce et celui de la limitation des risques potentiels… D’où cette notion de maximisation essentielle à Meelo !

 

En 2022, près de 70 % des entreprises françaises déclarent avoir subi au moins une tentative de fraude.
Meelo permet donc de répondre à des enjeux très importants compte tenu d’un contexte sur lequel vous pouvez revenir ?

Par nature, la fraude reste difficile à quantifier. Pour autant aujourd’hui, on estime que celle-ci coûte aux entreprises en France plus d’un milliard d’euros par an, et 10 milliards d’euros au niveau européen sur ses principaux pays. Cette fraude augmente chaque année et elle est multiforme. Il s’agit aussi bien de banditisme, avec des créations d’entreprises et des filières extrêmement structurées, que de fraudeurs particuliers ou des opportunistes souhaitant économiser de l’argent sans soupeser les conséquences de leurs actes (comme à titre d’exemple pour Uber Eats). Le montant moyen de l’impact pour un particulier de la fraude à la carte bancaire est de l’ordre de 800 euros, avec un remboursement dans un cas sur trois. Pour ce qui concerne l’usurpation d’identité, ses conséquences sont très contraignantes. La fraude, s’inscrit un peu partout, mais parfois avec des conséquences financières extrêmement élevées.

Cela fait partie de notre responsabilité d’entreprise de contribuer à réduire les impacts négatifs de cette fraude sur les collectivités et surtout sur les sociétés. Je considère vraiment l’enjeu essentiel…

 

Meelo s’engage dans l’optimisation de la lutte contre la fraude.
En automatisant l’analyse des transactions des clients, il devient donc possible d’améliorer l’ensemble du processus de vente, le KYC et la gestion de la relation client ?

Dès 2020, notre solution a été conçue sur les notions d’open data et d’IA ; un travail de tous les instants, et avec cette volonté d’une amélioration constante de méthodes… De ce fait, notre investissement en R&D et en IA s’est avéré très conséquent. Il représente toujours une part importante de notre budget, et pour proposer en permanence les meilleures nouveautés de notre secteur à nos clients !

Globalement, avec le développement du digital et des parcours de vente se voulant de plus en simples et rapides : le risque d’attirer des gens malintentionnés ou des fraudeurs augmente…

Notre enjeu réside dans notre capacité à répondre, à cette notion d’immédiateté devenue un standard pour les clients, tout en réussissant à les protéger et à les préserver. Et cela en temps réel, grâce à nos solutions fournissant à fois des informations vérifiées sur l’identité de la personne et les documents qu’elle transmet.

Il s’agit pour Meelo de scorer un client en temps réel, réduisant ainsi le traitement des données par un conseiller de 48 heures à 24 secondes. « Préfiltrer » de manière automatisée, permet de faciliter le travail d’un analyste et de mettre en lumière les éléments nécessitant un contrôle. Et l’on va chercher des données fiables à la source pour éviter les écueils du mode déclaratif. Nous utilisons l’open data avec de la data parfaitement publique, et aussi de la donnée bancaire avec le consentement du client. Lorsque l’on parle de data, il est question de respect de la réglementation et de la vie privée, donc de RGPD. Notre offre de « couverture » des clients se situe en ligne et aussi sur les points de vente.

  

Vos solutions séduisent de nombreux acteurs dans les domaines de l’e-commerce, de l’assurance et de la banque.
Et vous réalisez une première levée de fonds de 3 millions d’euros auprès d’Odyssée Venture et de Bpifrance ?

Notre solution s’adressait plus au départ au domaine du crédit à la consommation, et au moment de passer à l’acte voire de signer les contrats. Lorsque la fraude a commencé à se développer, de nouveaux secteurs d’activité nous sont sollicités. Aujourd’hui, Meelo intervient pour le compte des banques et des finances, du retail et du commerce, de l’automobile, de l’habitation avec les locations immobilières et des opérateurs télécom.

Notre première levée de fonds en 2020 est le fruit de la confiance d’un business angel, Clément Coeurdeuil co-fondateur de Budget Insight.

En 2022, notre levée de fonds de 3 millions d’euros auprès d’Odyssée Venture, nous a permis à la fois d’accélérer notre développement commercial, d’enrichir notre équipe de nouveaux talents pour structurer notre déploiement à l’échelle européenne et de poursuivre les innovations sur notre produit quant à la performance, l’efficacité et la solidité que nous exigeons.

Bpifrance est notre partenaire financier, mais pas seulement…  Meelo a été sélectionnée cette année, pour aller représenter les fintechs françaises à travers une délégation soutenue par des partenaires de Bpifrance, au Fintech Festival de Singapour au mois de novembre. L’Asie s’inspire de la réglementation européenne notamment sur l’aspect conformité et la protection des données. Le fait d’être une entreprise française est un atout, nous avançons en phase sur tous ces sujets. La fraude est un sujet très global, et notre priorité réside dans un développement international rapide sur l’année 2024.

 

Aujourd’hui, la fintech Meelo, qui combine open data et IA pour fluidifier et sécuriser l’onboarding client, prône ses engagements et aussi des valeurs…

Au début 2023, nous avons souhaité rendre concret un engagement auprès de notre écosystème, et à travers la certification B Corp et son label reconnu internationalement. De ce fait, Meelo est devenue une entreprise à mission depuis cet été !  Cet audit extérieur et de mesure en cours, est le résultat de notre volonté d’être reconnus par ce label multidimensionnel distinguant des entreprises dont l’impact à la fois sociétal et environnemental est positif. Cette démarche que j’ai proposée à mon associé, nous a permis de définir l’ensemble de nos choix et de leur mise en œuvre au sein de notre société. Et nous partagions l’envie d’y engager tous nos collaborateurs avec les deux mots-clefs qui seraient l’inclusion et la responsabilité.

 

Pouvez-vous nous parler des clients qui utilisent votre solution de lutte contre la fraude et le risque d’impayés et donc l’analyse de solvabilité pour une aide dans leurs décisions ?

Nous venons de signer un très beau partenariat avec CRIF, un leader dans le crédit de scoring présent dans plus de 30 pays dans le monde.

Aujourd’hui, nos clients sont issus de différents secteurs, et l’on peut citer à titre d’exemples : Financo, Toyota Financial Services, Sline, Vattenfall, Boulanger, Crédit Agricole Consumer Finance, Leaseway, Ekwateur, Capitol Finance-Tofinso, CA Auto Bank, etc.

La sécurisation des données est au cœur de nos engagements, et celles-ci traitées à la volée ne sont pas conservées.

Ce positionnement clef limite considérablement les risques en termes de sécurité informatique, et vis-à-vis de nos clients.

Ensuite, nous collaborons avec des groupes bancaires, ce qui induit évidemment des audits et des exigences de sécurité, aussi bien pour des données que sur des flux informatiques. Cette exigence s’avère à la fois essentielle et structurante pour notre activité.

 

Au-delà des partenariats stratégiques que vous avez tissés, quelles sont à ce jour vos perspectives de développement en France, en Europe et à l’international ?

Cette année en 2024, nous sommes positionnés sur deux objectifs précis : booster notre activité en France et en Europe et aussi sur d’autres secteurs d’activités, et déployer notre solution à l’international avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 30 % de celui global à la fin de l’année.  Cette accélération sur l’international, se fera avec un angle d’efficience économique, de ROI et d’efficacité. Mais aussi de prise en compte d’impératifs de sécurité de données ou informatiques.

Nos solutions se doivent d’être les meilleures en termes d’innovation sur notre secteur. Cet axe clef nous oblige à l’ouverture et à l’anticipation quant à l’amélioration de nos produits grâce à l’intégration de nouvelles fonctionnalités ! L’intelligence collective avec toutes les parties prenantes, c’est aussi des enquêtes qualité régulières mesurant la satisfaction de nos clients, grâce entre autres à des bilans périodiques. Et l’enjeu est lié à la performance de nos solutions aujourd’hui et aussi pour le futur !

L’équipe sera renforcée pour répondre aux besoins de nos clients. Notre proposition de services est « exportable » en grande partie depuis Lille. Dans certains cas, un bureau de représentation commerciale, sera peut-être envisagé.

Une nouvelle levée de fonds fait partie de nos réflexions pour son apport dans l’accélération notre développement à l’international.

Meelo représente une équipe de 25 personnes, et sans la vocation de vouloir faire tout elle-même. Ce qui signifie que de nouveaux partenaires technologiques et de compétences s’intègrent parfaitement dans notre vision de cette intelligence collective.

 

Quelle serait votre meilleure ambition pour Meelo ?

Déjà celle que Meelo soit certifiée B Corp au début de l’année 2024, une mission importante pour notre société.

Ensuite, notre deuxième ambition est de devenir la référence dans notre secteur. Notre solution s’avère être déjà un référent dans la lutte contre la fraude en général et les impayés.

Et si nous parvenons l’an prochain à doubler notre activité, l’objectif sera atteint…

 

Pour en savoir plus sur Meelo : https://www.getmeelo.com/

Source : Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby pour Finance Innovation

 

Laurent Kocinski

Co-fondateur & CEO

Meelo