Interview de Cédric Nallet, CEO de Smartpush

Découvrez l'interview de Cédric Nallet, CEO de Smartpush à l'occasion de l'événement OpenDay organisé par Finance Innovation.

L’open finance progresse de jour en jour, et ces avancées ne peuvent se faire sans une mise à disposition de données qualitatives, au service de parcours client toujours plus fluides et plein de sens. Cédric Nallet, CEO de Smartpush, nous démontre comment le traitement et la gestion de la donnée enrichie bénéficie aussi bien aux établissements bancaires qu’à ses clients, avec également pour ambition d’agir sur l’empreinte carbone.

La DSP2 a donné naissance à l’Open Banking puis l’Open Finance aujourd’hui.
Et tandis que les AGREGATEURS ont construit les connecteurs aux banques et les PSP assurent désormais les paiements par compte, Smartpush a décidé de se concentrer sur la donnée. Pourquoi ?

Pour une raison simple, nous sommes intimement convaincus que l’augmentation de l’EBITDA de nos clients est liée à la connaissance qu’ils ont des leurs. Or la donnée bancaire est sans nul doute le meilleur instrument qu’on ait jamais connu pour tout connaître sur ses clients.

Contrairement au cookie web qui est probabiliste, la donnée bancaire est déterministe. L’incertitude n’existe ni sur l’identité, ni sur la connaissance client dégagée.

Elle est donc à la fois parfaitement révélatrice et hautement prédictive. Si vous connaissez les revenus, les dépenses, l’endettement, l’épargne, les assurances de quelqu’un, vous connaissez ses besoins d’aujourd’hui et pouvez mieux anticiper ceux qu’il aura demain.

Vous entrez de facto dans une nouvelle forme de relation client, plus intime. Et vous êtes ainsi en capacité de faire des recommandations commerciales ultra-personnalisées et d’une pertinence inédite garantissant un meilleur ROI.

Proposer la bonne offre, à la bonne personne et au bon moment, est la clé de la croissance. Et la DSP2 a donné la possibilité à tous les acteurs du marché, banques bien sûr, mais aussi assurances, opérateurs, médias d’accéder à cette connaissance. Pour nous, c’est LE relais de croissance de la décennie à venir.

Pouvez-vous nous expliquer brièvement le fonctionnement de Smartpush ?

Smartpush est l’alchimiste français de la donnée bancaire. Nous récupérons tous les jours de la donnée bancaire brute que nous devons raffiner pour générer la connaissance client utile à nos clients.

A la base, la donnée brute est peu lisible. Regardez vos relevés de compte, vous ne comprendrez pas tous les libellés. Notre job quotidien est d’analyser, nettoyer, catégoriser, géolocaliser et enrichir ces données par l’open data pour produire une donnée sublimée : la smartdata ou la donnée bancaire enrichie. Cette donnée est le fuel de tous les cas d’usage que nous traitons pour le compte de nos clients. La matière première de la connaissance client augmentée que nous leur fournissons.

En outre, le travail de Smartpush ne s’arrête pas là. Certes, nous fournissons la smartdata, mais nous construisons surtout les expériences client qui vont avec les cas d’usage. Et nous accompagnons nos clients sur la construction marketing et technologique de ces use cases DSP2. Un guichet unique capable d’agir de A à Z de la donnée au parcours clients et aux interfaces idoines.

En vous écoutant, on se rend compte que ce qui prime – toujours et encore – c’est la qualité de la donnée.
La problématique semble être : comment la donnée bancaire enrichie (ou smartdata) peut fluidifier l’expérience client ou permettre d’anticiper leurs besoins ?

Vous avez raison, la data-quality est le socle du marketing. A quoi sert le big data si les datas sont de piètre qualité ? Rien. Ce sera toujours bien moins simple et plus risqué de naviguer dans le brouillard que par un ciel parfaitement bleu.

Nonobstant, si elle est essentielle, elle n’est que le point de départ. Car aujourd’hui, et parce que le consommateur a besoin de rêver, l’expérience client est vitale pour vendre plus. Et la smartdata participe pleinement à créer des expériences à effet “waouh”, à la fois compliant et sans friction.

Imaginez que vous ayez craqué sur une voiture ou un appartement et que vous souhaitez l’acheter. Le vrai sujet va être le financement. Aujourd’hui, vous transmettez un dossier papier au concessionnaire ou à une agence. Plusieurs jours de traitement sont nécessaires pour analyser votre solvabilité. Vous êtes en compétition avec d’autres acheteurs et certains vont frauder leurs documents (20 à 100% d’augmentation de la fraude sur les relevés de comptes, bulletins de paie, bilans) pour remporter la timbale.

Grâce à la DSP2 et la smartdata, en 1 clic, vous pourrez transmettre toutes ces informations, en temps réel au concessionnaire ou l’agence et obtenir un pré-accord immédiat si vous rentrez dans les critères du vendeur. 1 er arrivé, 1 er servi. Fluidité, fiabilité, rapidité : une expérience “waouh” où tout le monde y gagne.

Côté anticipation de besoins, c’est assez simple : si la banque voit passer des achats chez AUBERT sur le compte de son client, vous pouvez vous dire qu’un enfant va bientôt arriver dans cette famille. Si vous voyez un salaire qui s’arrête, vous pouvez appeler votre client pour anticiper des difficultés de trésorerie à venir. Si vous voyez des dépenses énergétiques qui augmentent, vous pouvez proposer des prêts rénovation ou un changement d’opérateur : c’est sans limite.

Malgré un contexte légal de plus en plus contraignant (RGPD et DSP2), les actions pour révolutionner la relation client et développer des cas d’usages innovants continuent d’avancer.
Les nouvelles lois et règles peuvent aussi être perçues comme un cadre qui protège tous les acteurs au lieu d’être perçues comme un frein, notamment avec la lutte anti-fraude. Quelle est votre vision sur ce sujet ?

D’un point de vue général, chez Smartpush, nous avons toujours vu les lois comme des opportunités d’innovations fortes plutôt que comme des contraintes juridiques. L’évolution du cadre européen amène irrémédiablement des problèmes à résoudre donc des solutions à trouver. Elle occasionne une tectonique des plaques chez les grands corporates qui ouvrent des brèches pour les start-ups. C’est souvent le momentum parfait pour les jeunes pousses de changer la donne sur un secteur en révolutionnant notamment l’expérience client, les modèles. Regardez la DSP2, elle a ouvert la voie aux fintechs, bouleversé le secteur de la finance et des champions hautement scalables sont en train de naître.

Sur la partie fraude, de manière plus spécifique, le problème est éthique car elle a mécaniquement des impacts humains, écologiques ou financiers. Le RGPD et DSP2 en ce sens ont été de vrais pavés dans la mare.

Dans les années 2000, le SPAM a existé parce que des marques ont abusé des données personnelles de leurs clients et ces milliards de messages digitaux sans ciblage ont eu un impact colossal sur notre empreinte carbone. Le piratage des cartes était légion avant le 3DS. L’usurpation de l’identité peut avoir des conséquences graves sur les individus. Et le surendettement des familles est un fléau qu’il faut combattre.

Le RGPD protège désormais nos données personnelles. Et la DSP2 sécurise un peu plus les paiements et le crédit, Nous proposons des checks de KYC, des analyses de solvabilité en temps réel, des dashboards d’aide à la décision basés sur des informations fiables ou encore des programmes de “rewards” ultra-personnalisés et éco-responsables à nos clients. Combattre la fraude, c’est donc à la fois un sujet vital pour toutes les parties prenantes mais aussi un vrai levier business.

Smartpush, c’est donc une solution qui permet non seulement de révolutionner la relation client en rassurant les différents acteurs, mais aussi un fonctionnement qui permet de limiter notre empreinte carbone.
On parle beaucoup de green scoring en ce qui concerne les nouvelles normes énergétiques des logements prochainement obligatoires pour les propriétaires.
Pouvez-vous nous expliquer comment Smartphush peut intervenir pour soutenir ce type de projets ?

Le GREEN est une lame de fond pour toutes les raisons que nous connaissons. Limiter notre empreinte carbone doit être une priorité pour nos sociétés dans les années à venir. Nous avons inscrit ce sujet dans notre ADN chez Smartpush il y a 3 ans.

De manière très concrète, sur le cas d’usage de la smartloyalty par exemple, nous avons mesuré que grâce à la smartdata, nos partenaires marchands pouvaient générer 2 fois plus de CA en utra-ciblant les bons prospects ou clients tout en diminuant le nombre de messages marketing par 2. Nous en avons tiré une équation.

SMARTDATA = CA x 2 = CO2 / 2

Sur le scoring, l’impact des dernières lois sur l’énergie vont avoir un impact colossal. Nous travaillons actuellement avec des acteurs du crédit sur ces sujets. Des idées émergent comme variabiliser les taux en fonction du niveau énergétique de votre maison ou de l’empreinte carbone des produits que vous voulez acheter en magasins si vous sollicitez un financement. Grâce à l’open data, nous sommes en mesure aujourd’hui de transmettre aux
lenders des données clés qui permettent à la fois d’incentiver les clients et d’optimiser leur business en temps réel.

Du reste, nous avons mis notre expertise au service de 3 grandes causes chez Smartpush : le pouvoir d’achat, la lutte contre le surendettement et la décarbonation de nos sociétés. Ce sont des sujets passionnants qui donnent encore plus de sens à notre action et nous avons encore beaucoup de travail : ce n’est que le début.

 

Pour en savoir plus sur Smartpush: https://www.smartpush.io/

Source : Propos recueillis par Richard Lecocq pour Finance Innovation

Cédric Nallet

CEO

Smartpush

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