Interview de Marc Favero, CEO de Brink's Payment Services

Découvrez l'Interview de Marc Favero, CEO de Brink's Payment Services à l'occasion de l'événement Openday organisé par Finance Innovation.

Cash me if you can : avec l’avancée des solutions de paiement digitales, la tendance serait d’oublier la place importante que le cash continue d’occuper dans notre quotidien. Comment ce moyen de paiement ancestral peut continuer de circuler dans un écosystème où les banques digitales ne disposent pas de points d’accès physiques. Marc Favero, directeur général de Brinks Payment Services, nous apporte des éléments de réponse.

En France, 50% des paiements sont toujours effectués en cash en France. Ce chiffre montre que nous accusons “un certain retard” par rapport à nos voisins européens. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

La vraie question est “la France est en retard par rapport à quoi ?” Notre pays est déjà un des plus restrictif quant au montant du paiement en cash dans l’Union Européenne. Il n’y a aucune limite aux paiement en cash dans les pays suivants : Allemagne, Autriche, Royaume Unis, Finlande, Luxembourg, Pays Bas, Suède, Irlande et Islande. Il existe en revanche des obligations d’enregistrement des personnes à des fins fiscales. De plus, les données concernant le cash sont toujours sous évaluées par nature puisque les paiements de peer to peer ne sont pas tracés, et ils ne sont donc pas comptabilisés. On pourrait alors se poser la question suivante : en quoi le digital est-il plus moderne que le cash ? Le digital génère en effet un coût de CO2 significatif (en électricité : coûts de fonctionnement depuis le terminal de paiement jusqu’aux serveurs). Le digital coûte de l’argent aux utilisateurs alors que la transaction en cash ne consomme rien et reste gratuite pour les utilisateurs. Au final, tout dépend de votre échelle de mesure !

Les acteurs bancaires 100 digitaux peuvent-ils se soustraire de cette économie du cash, au risque de se couper d’une certaine clientèle ?
En d’autres termes, comment faire circuler le cash de façon simple et rapide pour le client – particulier ou professionnel. À date, seules les banques traditionnelles conservent des automates ou des points physiques.

Si on considère qu’il existe en France 1,4 millions d’interdits bancaires, que 11 % de la population française est couverte par l’un des minimas sociaux (soit 7 millions de français), que 5 % de la population française ne possède pas de carte de crédit, et qu’enfin 50 % des français vivent avec 1 800 € de revenus mensuels (hors impôts) on comprend qu’une large part de la population est touchée par ce que j’appelle la « fracture des paiements numériques ». En d’autres termes, il leur est impossible d’effectuer une transaction sur internet, ce qui représente une perte de clientèle pour les sites, sans oublier les échecs lors des paiements en cartes bancaires (qui oscillent entre 5 et 15 %).

Concernant les commerçants, ces derniers reçoivent toujours près de 50 % de leurs paiements en cash, et il leur faut bien déposer cet argent sur leur compte bancaire. D’un autre côté, il est nécessaire que des distributeurs automatiques de billets continuent d’être présents afin que les particuliers qui possèdent des cartes de retrait ou de crédit puissent retirer du cash. Or, pour les banques digitales par exemple, qui ne disposent pas d’antennes
physiques, il est stratégique de proposer une solution de dépôt de cash pour attirer cette clientèle importante.

C’est pour cela que nous offrons à la fois une solution de dépôt d’espèces pour les clients des banques dans notre réseau d’agents de paiements (des buralistes) et que nous offrons à des municipalités la possibilité de disposer de distributeurs automatiques de billets (DAB) dans leur commune. Le cycle du cash est ainsi conservé, et ce au profit de l’économie locale : en effet, 70% des fonds retirés sur un DAB sont dépensés à proximité.

Si les acteurs de l’open finance décident de développer et de s’appuyer sur des points physiques pour faire circuler le cash de leurs clients (à l’image des solutions proposées par des plateformes d’e-commerce comme Vinted), on imagine qu’un tel processus doit répondre à un cadre et une réglementation précis pour sécuriser les transactions.
Quelle est votre vision sur ce sujet ?

Bien entendu, le cadre est fourni par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution : pour recevoir des paiements au bénéfice de tiers, il faut être agréé par l’ACPR en tant que Prestataire de Service de Paiements. Certaines « Market Place » ont tendance à l’oublier ce qui les met en infraction : elles doivent ainsi recourir à une entreprise agréée.

Pour disposer de points de paiements / dépôts physiques opérationnels en France, ces derniers doivent être agréés en tant qu’agents de paiements. Cela implique de soumettre un dossier à l’ACPR en plus d’une formation spécifique que le commerçant doit suivre et valider. C’est ce que nous faisons pour notre réseau qui compte près de 2 000 points de ventes, avec notamment les buralistes du réseau de notre partenaire Bimédia. Nous
essayons de mailler le plus possible le territoire avec des commerces de proximité fiables et nombreux. En outre, nous disposons d’une garantie financière pour nos clients : en cas de problème, ils sont sûrs de percevoir les sommes qui leur sont dues. De ce point de vue, la France dispose d’une autorité forte et compétente et d’une réglementation claire, ce qui représente un réel avantage pour la Place.

 

Pour en savoir plus sur Smartpush: https://www.brinks.fr/

Source : Propos recueillis par Richard Lecocq pour Finance Innovation

Marc Favero

CEO

Brink's Payment Services

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