Découvrez d'Alexis d'Arvieu, Directeur Général de l'OCBF - Office de Coordination Bancaire et Financière.
Le Portrait du mois par Finance Innovation
Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby
Même si mon parcours professionnel s’est principalement organisé autour des métiers de la gestion privée, du titre, de l’analyse financière, il dénote aussi une continuité dans mon attachement à l’état d’esprit entrepreneurial, à la responsabilité et à la polyvalence du dirigeant de petite entreprise.
A l’OCBF, nos adhérents sont des banques de taille moyenne, indépendantes ou filiales autonomes de grands groupes, dont les dirigeants ont certes une légitimité financière et institutionnelle, mais sont d’abord des entrepreneurs. Déjà représentés sur le plan institutionnel par la Fédération bancaire française (FBF) comme l’ensemble de la profession, ils comptent sur l’OCBF pour les accompagner dans leur démarche d’entrepreneurs. J’ai trouvé que le moment était particulièrement intéressant pour cela, avec un écosystème en pleine effervescence : innovations technologiques, nouveaux enjeux et partenariats commerciaux, implication croissante des acteurs pour une finance responsable, sans compter la nouvelle attractivité de la Place de Paris et l’arrivée, post-brexit, de nombreux établissements venus du monde entier ! Contribuer à renforcer la capacité des banques moyennes à faire face à cet environnement m’a paru une perspective très stimulante.
Polytechnique est une école à la fois scientifique et militaire : ces deux dimensions m’intéressaient à titre personnel, et aussi du fait d’un certain nombre d’antécédents familiaux dans les deux domaines… J’y ai bénéficié d’un enseignement pluridisciplinaire de très haute qualité, à base de rigueur scientifique, qui m’a particulièrement intéressé.
Puis par souhait d’ouverture vers le monde économique, je me suis dirigé vers l’ENSAE, où j’ai surtout apprécié l’initiation aux fondamentaux du domaine financier. Parallèlement à cette deuxième grande école, j’ai intégré à temps partiel un cabinet indépendant de gestion patrimoniale, d’une quinzaine de collaborateurs. Cette expérience de terrain m’a permis d’appréhender la gestion au quotidien d’une petite entreprise, et notamment la fonction commerciale : j’ai eu la chance de côtoyer un dirigeant inspirant, qui m’a beaucoup appris, en complément de ma formation académique. Après quelques années, lorsque ce dirigeant a pris sa retraite, j’ai pensé qu’il serait utile de rejoindre un grand groupe afin d’apprendre aussi d’autres méthodes de travail.
Au sein du Crédit Agricole, j’ai exercé différentes fonctions qui ont d’abord renforcé mon expertise technique, puis m’ont permis d’acquérir progressivement une expérience de direction d’équipes.
Je dois aussi à ce groupe d’avoir suivi, durant deux ans, le très bon parcours de formation proposé par la Société Française des Analystes Financiers. Cela, à la période la plus passionnante à mon avis de ces vingt-cinq années, correspondant au début et à l’éclatement de la bulle Internet entre 1999 et 2001, avec ses conséquences en termes de valorisations de marché… J’ai appris énormément sur le plan théorique et pratique, en tant qu’analyste financier au sein du Crédit Agricole. L’environnement bancaire et financier de l’époque était particulièrement porteur pour cette discipline consacrée à l’évaluation des entreprises cotées ou des modèles d’affaires non cotés.
Cette expérience a contribué à mon évolution au sein du Crédit Agricole, puisque l’on m’a proposé, en 2001, de rejoindre un pionnier du courtage en ligne récemment acquis par le groupe : avec CPR Online, une interface d’accès aux marchés boursiers très efficace et novatrice était mise à la disposition des clientèles du groupe, encore fallait-il résister aux conséquences de l’éclatement de la bulle Internet, et mettre en place les partenariats nécessaires avec les nombreuses filières du groupe concernées. La plate-forme technologique mise en place à l’époque a été pérennisée et développée au sein de Crédit Agricole Titres, où elle est toujours, à ma connaissance, au service des clients des caisses régionales ainsi que de LCL (anciennement Crédit Lyonnais).
Après le succès de cette mission chez CPR Online, j’ai souhaité rejoindre le monde de la gestion privée, et j’ai eu en effet cette opportunité d’exercer des fonctions très polyvalentes au sein du Groupe Oudart, agent de change historique ayant su fidéliser une belle clientèle.
J’y suis resté 15 ans, avec notamment la traversée de la crise financière de 2008-2009, ainsi qu’une période difficile sur le double plan de la perception par une partie du monde politique des métiers de la finance, et de la fiscalité des personnes fortunées ! Depuis 2017, les métiers financiers sont mieux perçus et compris en France, ce qui est favorable au développement de la Place de Paris, auquel l’OCBF souhaite s’associer en tant que partenaire fiable de l’écosystème.
J’ai pris mes fonctions au mois d’avril, et ma mission est de mettre en œuvre la stratégie du bureau et du conseil d’administration, c’est ce qui détermine ma feuille de route.
Il convient d’abord de pérenniser les points forts de l’OCBF : l’engagement de son équipe, sa relation avec ses adhérents, sa légitimité comme lieu de partage d’expertises juridiques, réglementaires et techniques. Il faut poursuivre les rapports constructifs qui se sont établis avec les autorités de tutelle : Banque de France, ACPR, AMF, CNIL, pour lesquels l’OCBF agit comme relais d’information et de communication à l’égard des adhérents.
Je tiens aussi à saluer l’accueil de la Fédération bancaire française, qui partage avec nous une vision positive de nos complémentarités. Notre coopération avec les autres acteurs de la Place de Paris est constante et constructive, dans une logique de développement qui bénéficie à tous les acteurs.
Naturellement, il m’est aussi demandé de renouveler le développement de l’OCBF, en apportant des idées ou des projets.
Les conséquences du Brexit conduisent de nombreux acteurs internationaux, historiquement très présents à Londres, à établir ou développer une implantation en Europe continentale, et ceux qui choisissent Paris doivent être accueillis et accompagnés. Leur développement en France est parfois un nouveau défi concurrentiel pour certains acteurs, mais contribue positivement à l’emploi, au financement de notre économie, et offre de nouvelles opportunités de liens commerciaux à nos adhérents… Je m’efforce donc de mettre l’OCBF au cœur de cette dynamique. La qualité de l’accueil des nouveaux entrants, en particulier, est essentielle : après l’obtention difficile d’un agrément, l’aventure commence ! Dans cette phase de mise en place opérationnelle des objectifs de leurs modèles d’affaires, l’OCBF apporte une aide précieuse, notamment par la rencontre avec d’autres dirigeants ayant été confrontés à des problématiques analogues.
L’OCBF s’appuie sur l’expertise de ses collaborateurs pour comprendre, au bénéfice de ses adhérents, les nombreuses règles applicables, françaises et européennes, et pour ces dernières leur application ou transposition, le cas échéant, en droit français. Cela s’effectue à travers l’analyse des textes, et aussi par l’anticipation des réglementations futures grâce à des remontées d’informations vers les régulateurs par le biais de réponses collectives à ses consultations.
Il s’agit également d’animer des commissions et des groupes de travail qui réunissent nos adhérents et traitent les thématiques suggérées ou imposées par l’environnement juridique, réglementaire, mais aussi technologique, avec des applications opérationnelles directes, par exemple dans le domaine des paiements. L’interaction entre les évolutions technologiques et réglementaires est très forte.
La démarche se veut participative. De nombreuses personnes, exerçant des responsabilités importantes chez nos adhérents, s’impliquent au bénéfice de l’ensemble de la profession dans le cadre de notre conseil d’administration, de nos commissions, etc.
L’OCBF met enfin à la disposition de ses adhérents des offres très spécialisées en termes de formation.
Bien sûr, l’environnement est concurrentiel, et chacun œuvre d’abord pour répondre aux attentes de son établissement d’appartenance. Néanmoins, il existe une réelle collaboration, au bénéfice de tous : la Place de Paris, les établissements et leurs clients ! Par exemple, l’OCBF s’efforce de faciliter la réponse de ses adhérents aux attentes des autorités de tutelle, ou participe à différents travaux, par exemple avec l’Association France Post-Marché, contribuant à un dialogue indispensable sur le plan technique entre les différents teneurs de compte.
Les clients finaux, acteurs de l’économie réelle, attendent de leurs prestataires financiers un travail collaboratif, une coopération facilitant la fluidité des échanges, et cela tant au plan national qu’au niveau européen.
L’OCBF représente aujourd’hui plus de 125 adhérents représentatifs de la diversité des métiers bancaires : principalement des banques moyennes, mais aussi des établissements de paiement, des sociétés de financement ou d’investissement, ainsi que des établissements issus du secteur public appartenant également au secteur financier, dans le domaine du logement notamment.
En termes de poids économique, l’ensemble de nos membres représentait en juin 2023 environ 80 000 salariés en France : des effectifs très importants à l’échelle de la Place de Paris. Et bien sûr, une responsabilité pour l’OCBF, reconnu pour son expertise et la belle image motivante qu’il inspire auprès de ses adhérents !
J’ai essayé de vous faire partager l’idée que les enjeux actuels de l’OCBF sont exaltants ! Pour moi, il s’agit de réussir cette trajectoire de développement de l’Association.
J’espère accompagner de nouveaux entrants dans leurs objectifs sur la Place financière de Paris, et au-delà de cela, en Europe, et je suis sûr que de très belles histoires vont s’écrire…
Mon ambition est bien sûr aussi d’être utile à nos adhérents les plus anciens, très légitimes dans leurs métiers respectifs, qui ont réussi pour certains à garder une réelle indépendance actionnariale, voire familiale : des banques familiales, qui ont été des piliers fondateurs de l’OCBF… Et là, je retrouverai les vibrations de mon premier métier d’ingénieur patrimonial, c’est-à-dire l’accompagnement des chefs d’entreprises ! Ces établissements auront continué de mériter leur autonomie, car ils auront défini leur propre trajectoire de rentabilité et de développement. Et l’OCBF aura la satisfaction, vis-à-vis d’eux, d’avoir été efficace dans leur accompagnement, aussi bien auprès des dirigeants eux-mêmes que des instances de gouvernance.
Notre travail quotidien a pour finalité et sens ultime, le développement et le succès de chacun de nos adhérents. Après avoir été moi-même collaborateur, puis dirigeant de petites entreprises, je suis très heureux d’accompagner cette dynamique d’entrepreneuriat pour l’OCBF et son équipe, mais surtout pour chacun de ses membres !
Pour en savoir plus sur l’OCBF : https://www.ocbf.com/
Source : Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby pour Finance Innovation